Argumentaire

Colloque international

Violence en milieu scolaire : connaissances, politiques et pratiques

1er & 2 novembre 2023

Argumentaire

Colloque international

Violence en milieu scolaire : connaissances, politiques et pratiques

1er & 2 novembre 2023

Contexte

La violence en milieu scolaire constitue un obstacle à la réalisation du droit à une éducation de qualité et questionne l’institution scolaire dans le développement de la socialisation des enfants et des jeunes.

En effet, l’école constitue un endroit privilégié pour soutenir l’apprentissage de comportements sociaux positifs et le développement des compétences socio-émotionnelles permettant aux individus de développer des ressources pour gérer adéquatement leurs relations interpersonnelles.

Par ailleurs, pour pouvoir accomplir sa principale mission, celle qui consiste à promouvoir des apprentissages de qualité, l’école doit veiller à ce que chacun s’y sente bien, respecté, motivé et en sécurité. Cependant, les expériences des élèves et des acteurs pédagogiques dans les écoles révèle un vécu qui pourrait être en décalage avec les principes et les idéaux déclarés. Parmi ces expériences rapportées dans diverses études et évaluations figurent la violence en milieu scolaire dont l’impact négatif sur le climat scolaire et sur le bien être des élèves et des acteurs pédagogiques n’est plus à prouver.

De nombreuses études ont montré, en effet, que la violence laisse de graves séquelles non seulement au niveau physique et cognitif mais aussi au niveau sociétal. La violence empêche les enfants de recevoir une éducation de qualité et diminue leur capacité à apprendre. Les résultats du Programme National d’Évaluation des Acquis des élèves de 2019, montrent, à titre d’exemple, l’effet négatif de la violence physique et/ou verbale sur les acquis des élèves. Les écarts de scores entre les élèves ayant subi des actes de violence, par rapport à ceux ne l’ayant pas subi, vont de 12 à 17 points pour le primaire selon les matières, et de 18 à 27 points pour le secondaire collégial.

Par ailleurs, l’impact de la violence sur le devenir économique des élèves et sur leur productivité se fera sentir tout au long de leur vie personnelle et professionnelle, dans la mesure où ceux et celles qui en sont victimes ont deux fois plus de chances de se retrouver au chômage au cours de leur vie et sont plus susceptibles de vivre dans la pauvreté[1]. L’impact économique de la violence est également important. La violence envers les enfants coûte jusqu’à 8 % du PIB, tout en réduisant l’impact des investissements en santé, éducation et nutrition[2]. Aussi, les recherches démontrent-elles que les enfants exposés à la violence peuvent présenter des symptômes de stress post-traumatique, telles que l’anxiété, la dépression, l’irritabilité et la colère. Ces symptômes peuvent perturber l’attention, la mémoire et la capacité à réguler les émotions, ce qui peut impacter négativement les capacités de l’enfant, et partant ses performances scolaires et son développement social et émotionnel.

En outre, la violence en milieu scolaire a également un effet négatif sur ceux et celles qui en sont témoins, créant une atmosphère d’anxiété et d’insécurité pouvant altérer leur processus d’apprentissage. La violence, ou la menace de violence, peut également favoriser l’abandon scolaire et l’encourager, dans une quête désespérée d’un moyen ultime de prévenir ou d’éviter d’autres violences et préjudices.

Finalement, la violence dans les écoles, sous toutes ses formes, engendre un climat d’insécurité et de crainte qui s’oppose directement à la mission éducative de l’établissement. Cette violence porte atteinte au droit fondamental des élèves et des enfants à vivre et à apprendre sans craindre pour leur sécurité.

Pour faire face à ce phénomène au Maroc, aussi bien les cadres normatifs que les politiques publiques ont traité, directement ou indirectement, la question de la violence à l’égard des enfants en général et en milieu scolaire en particulier. C’est ainsi que la Constitution du Royaume de 2011 consacre le droit de chaque individu à bénéficier d’une éducation moderne, accessible et de qualité (article 31). De même, l’article 22 de cette même Constitution condamne, sans équivoque, toute forme d’atteinte à l’intégrité physique ou morale, qu’elle soit le fait d’une partie privée ou publique, en toutes circonstances.

En outre, la Vision stratégique de la réforme 2015-2030 a consacré deux leviers (18 et 21) à la promotion d’une éducation moderne, accessible et de qualité, ainsi qu’à la protection des enfants contre toutes formes de violence.

Enfin, traduisant ses engagements vis-à-vis de la communauté internationale et ses efforts dans la promotion et la mise en œuvre des droits de l’enfant, le Maroc a ratifié, en 1993, la Convention relative aux droits de l’enfant, confirmant ainsi son engagement à garantir le droit de chaque enfant à l’éducation et à la protection contre toute forme de violence physique ou mentale, qu’il en soit victime, auteur ou témoin, et à prendre toutes les mesures appropriées pour que la discipline scolaire soit appliquée de manière respectueuse de la dignité de l’enfant, créant ainsi un environnement scolaire sain et sûr où chaque enfant peut s’épanouir. Ladite convention stipule que chaque enfant a le droit à l’éducation et à la protection des adultes de son entourage pour l’encadrer et le sécuriser tout au long de ses apprentissages sociaux et scolaires, et cela, qu’il soit victime, auteur ou encore témoin de ce genre de situation.

Néanmoins, la violence en milieu scolaire reste faiblement étudiée et les décideurs éducatifs ne disposent que de très peu de données pour en cerner les manifestations, les contours et la complexité. En effet, les données probantes, faisant état de l’étendue et de la nature de la violence, sont limitées, et il existe à ce jour que peu d’informations sur les bonnes pratiques permettant de prévenir ou de lutter contre ce phénomène. C’est dans ce contexte que le Conseil Supérieur de l’Éducation, de la Formation et de la Recherche Scientifique (CSEFRS), en partenariat avec l’UNICEF, a réalisé entre 2020 et 2022, une évaluation sur la violence en milieu scolaire au Maroc qui a abouti à un diagnostic sur la prévalence du phénomène, sa typologie et ses principales manifestations.

En vue de présenter les résultats de l’étude et d’approfondir le débat sur ces différentes dimensions, et en marge avec la journée internationale contre la violence et le harcèlement en milieu scolaire qui a lieu le 3 novembre, le CSEFRS et l’UNICEF organisent, les 1er et 2 novembre 2023, un colloque international sur la « Violence en milieu scolaire : connaissances, politiques et pratiques« .

[1] UNICEF UK, Child in Danger: Act to end violence against children, 2014

[2] Pereznieto et coll. 2014

Objectifs et résultats attendus

Ce colloque réunira l’ensemble des parties-prenantes, incluant des experts et des praticiens de divers horizons, notamment en éducation et en droits de l’enfant, des sociologues, des psychologues, des acteurs de la société civile, des chercheurs et des universitaires, des décideurs politiques ainsi que des représentants d’organisations internationales et des professionnels de l’éducation.

Cette rencontre vise en premier lieu à :

  • Présenter les résultats de l’étude sur la violence en milieu scolaire au Maroc, menée par le Conseil Supérieur de l’Education en partenariat avec l’UNICEF
  • Identifier et documenter les initiatives, les bonnes pratiques et les modèles éducatifs favorisant la non-violence, dans une perspective comparative et interdisciplinaires.
  • Identifier les principaux facteurs de réussite et les facteurs restrictifs pour des réponses efficaces en matière de prévention et la lutte contre la violence en milieu scolaire au Maroc.

Plus précisément, ce colloque examinera, à la lumière des expériences nationales et internationales, les domaines clés où des changements peuvent et doivent être opérés. Ce colloque a ainsi pour ambition de contribuer à la construction et la mise en commun des connaissances en mesure de promouvoir un environnement scolaire sain, sûr et respectueux, où les élèves pourront évoluer dans les meilleures conditions d’apprentissage et de développement personnel[3], de façon à aboutir à des recommandations concrètes pour lutter et prévenir la violence en milieu scolaire.

[3] Article 29 de la Convention relative aux droits de l’Enfant.

Déroulement du colloque

Le colloque se déroulera autour de sessions en plénières qui permettront de poser le cadrage global des principales thématiques ressorties lors de l’étude menée par les partenaires, pour ensuite proposer des ateliers thématiques qui permettront d’approfondir les thématiques, partager leurs connaissances et d’élargir leur réflexion.

Les séances plénières se dérouleront dans la matinée des deux jours prévus pour le colloque selon les axes suivants :

  1. La violence en milieu scolaire : Perspectives interdisciplinaires y compris les sciences cognitives et de la neuroscience ;
  2. État des lieux national et international de la violence en milieu scolaire : comparaison et analyse de différents modèles éducatifs ;
  3. Le rôle du climat scolaire et de la victimisation dans la genèse de la violence en milieu scolaire: comprendre les dynamiques sous-jacentes ;
  4. Les acteurs éducatifs, familiaux et communautaires face à la violence en milieu scolaire : origine et solutions possibles.

Quant aux ateliers, ils seront organisés pendant les après-midis des deux jours du colloque, sur les thématiques suivantes :  

  1. Mobilisation et coordination des acteurs pour une école sans violence : Comment les différents acteurs, y compris la société civile et les médias, peuvent-ils contribuer à libérer les écoles de la violence ?
  2. Harcèlement en milieu scolaire : identifier les formes de harcèlement, comment les prévenir, les signaler et les prendre en charge ?
  3. Victimation, tensions et expérience scolaire : Quels facteurs influencent la perception de la violence en milieu scolaire ?
  4. Politiques innovantes et bonnes pratiques : Comment assurer la sécurité des enfants dans les écoles ? Quelles stratégies mettre en place pour favoriser un apprentissage en toute sécurité?